3 questions à… ÉcoInfo

La série d’articles « 3 questions à… » donne la parole à des chercheurs, scientifiques, organisations qui œuvrent pour la préservation de l’environnement. Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Didier Mallarino et Olivier Ridoux de ÉcoInfo.

Didier Mallarino est Ingénieur de Recherche CNRS et travaille au sein de l’OSU Pythéas. Olivier Ridoux est Professeur à l’université de Rennes 1, correspondant du pôle Numérique responsable de l’université. ÉcoInfo est un collectif d’ingénieurs, de chercheurs et d’étudiants es secteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur en France autour d’un objectif commun : agir pour réduire les impacts (négatifs) environnementaux et sociétaux des TICs (Technologies de l’Information et de la communication).

Qu’est-ce que l’éco responsabilité ? 

Olivier Ridoux : Une prise de conscience et un mode d’action. C’est se rendre compte des impacts environnementaux de nos actions et assumer nos responsabilités en face. L’éco responsabilité s’applique à toute sorte de niveaux, des infrastructures jusqu’aux prises de décision au sein d’une organisation. 

Didier Mallarino : C’est l’intégration dans les modes de travail et les processus décisionnels d’entreprise des paramètres écologiques. Peu importe l’organisme qui va s’emparer, c’est l’intégration de son incidence sur la planète dans l’ensemble des activités qu’on peut avoir. On en parle au sens des Technologies d’Information et de la Communication (TIC) parce que c’est notre spécialité mais, pour autant, l’éco responsabilité c’est l’intégration des impacts écologiques dans l’ensemble des activités humaines. Cette prise de conscience pour notre environnement en forte dégradation, dûe à notre activité, oblige à injecter dans ce que nous entreprenons une évaluation. 

Qu’est-ce que la sobriété numérique ? 

Olivier :  C’est chercher à faire vivre ses appareils le plus longtemps possible. Par militantisme, j’ai un téléphone depuis 10 ans. Il aurait pu tomber en panne, mais il est toujours opérationnel. Cependant, j’observe que année après année les services tombent. Notamment parce que les systèmes de sécurité ne seraient plus à jour. Par exemple, je ne peux plus consulter Wikipédia. L’obsolescence logicielle pousse à changer l’appareil alors qu’il marche encore.

Mais il y aussi la sobriété dans la conception. Je pense à la standardisation, qui est une des applications de la sobriété. Les batteries gagneraient à être standardisées.  Mais l’ère du moment c’est de se singulariser avec de nouveaux écrans ou encore des batteries plus puissantes.

Didier : Derrière la sobriété on retrouve la notion d’usage et pas d’affect. La fonctionnalité permet de répondre à un usage. On n’a pas besoin de ces solutions logicielles toutes différentes et non compatibles entre elles. Regardez le nombre de formats de fichiers. Il y a une multiplicité de solutions informatiques qui crée de la richesse mais ça a des impacts délétères car on est à une très grande échelle. On parle de milliards d’objets qui évoluent en permanence. Pour le banaliser et le standardiser, ça va être relativement complexe, mais c’est nécessaire. Même en termes informatiques, je râle sur l’étonnante multiplicité des langages. Est-ce qu’on a besoin de 200 langages informatiques ? On devrait pouvoir restreindre le spectre des langages. Quand on regarde le nombre de versions Linux qui existent, c’est affolant. 

Le reconditionnement c’est une alternative ?

Olivier : Certainement. La directive de l’Union Européenne préconise le recyclage ou la réutilisation des déchets électroniques. On voit qu’en France on pense la chose sous la forme du recyclage : destruction de l’appareil pour récupérer les matériaux. Mais dans la directive européenne, la réutilisation devrait être davantage mise en avant, car c’est une erreur de ne pas reconditionner. En effet c’est plus facile de réutiliser que de recycler.

Didier : À partir du moment où le téléphone est fonctionnel, c’est stupide de ne pas le réutiliser. En termes d’impact, de ressources, c’est bête de le jeter, de le casser, d’essayer de récupérer quelques-uns des matériaux. Tant qu’il est fonctionnel, il faut l’utiliser. S’il est en panne, c’est un autre problème. Ce n’est pas facile à changer les circuits, je le concède. Mais les écrans, les batteries, c’est plus facile. Lui donner une nouvelle vie, une seconde ou une troisième fois, ça me paraît être une bonne démarche.

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