Feriez-vous confiance à un restaurant dans lequel le chef refuse de manger ses plats ? Aujourd’hui, les écrans sont partout : à la maison, dans la rue, dans les écoles. Si les professionnels de santé mettent en garde les parents quant aux conséquences d’une trop longue exposition aux écrans, les grands “gourous de la tech” vont plus loin. La majorité d’entre eux imposent des règles très strictes quant à l’utilisation de leurs propres produits : réseaux sociaux interdits, utilisation du portable limitée,… Doit-on s’en inquiéter ? Pourquoi la majorité d’entre eux choisissent des écoles aux pédagogies alternatives, qui protègent leurs progénitures des dangers de ces technologies ?
Dirigeants tech, parents low-tech
Il y a une raison pour laquelle les parents les plus prudents vis-à-vis de la technologie sont ceux qui les conçoivent. Pour Sherry Turkle, psychologue au MIT et auteur de nombreux livres sur les effets sociaux négatifs de la technologie, ils sont tout simplement conscients des risques de leurs produits sur de jeunes esprits.
Quelque temps avant sa mort, Steve Jobs – le PDG d’Apple – a d’ailleurs reconnu que lui et sa femme « limitent la quantité de technologie que [leurs] enfants utilisent à domicile ». Même l’iPad était dans la zone rouge : un comble. Et dans toute la Silicon Valley, des histoires similaires peuvent être entendues sur les enfants d’autres titans de la technologie.
Les effets d’une exposition précoce aux écrans
Longtemps vantés pour tout ce qu’elles apportent, les technologies ont également un côté sombre. Et particulièrement pour les enfants et les jeunes adultes.
La dépendance : vous reprendrez bien un rail de technologie ? Des recherches récentes sur le cerveau montrent que les écrans affectent le fonctionnement et le contrôle des impulsions, de la même manière que les drogues. Et si la technologie conduit à tant de dépendance, c’est parce qu’elle augmente de manière colossale les niveaux de dopamine, l’hormone du bien-être. « Les enfants se promènent avec une pompe à dopamine portable depuis les 10 dernières années », explique David Greenfield au New-York Times, professeur et fondateur du The Center for Internet and Technology Addiction.
« Hein ? Tu disais quoi ? » : une durée d’attention réduite. D’après de récentes recherches menées par des experts en développement de l’enfant, les écrans amenuisent petit à petit la durée d’attention. Elle est passée de 12 minutes il y a moins d’une décennie à 5 minutes aujourd’hui. Des flux d’actualités constants et des vidéos de 10 minutes ou moins ont reconfiguré notre cerveau.
La voie royale vers l’anxiété et la dépression. Ces enfants biberonnés à la technologie pourraient générer la plus grande crise de santé mentale depuis plusieurs décennies. Des recherches montrent que le risque de dépression d’un pré-adolescent de 14 ans augmente de 27 % lorsqu’il utilise fréquemment les médias sociaux. Et ceux qui utilisent leur téléphone au moins trois heures par jour sont beaucoup plus susceptibles d’être suicidaires.
De la solitude à plusieurs. C’est presque ironique, mais ces appareils dont l’objectif premier est de nous permettre de communiquer… auraient l’effet inverse. Malgré la variété des formes de connexion avec les autres, un nombre croissant d’enfants déclarent se sentir isolés et seuls. Entre 2000 et 2015, la fréquence à laquelle les adolescents se réunissent avec leurs amis a d’ailleurs chuté de 40 %.
Où sont passés les cerveaux ? Aïe, alors que de nombreux parents bien intentionnés voyaient dans ces écrans un formidable moyen de proposer des jeux éducatifs à leurs enfants, les recherches commencent à montrer qu’ils auraient tendance à les rendre moins intelligents. D’ailleurs, la simple présence de son propre smartphone dans une pièce réduirait les capacités cognitives disponibles.
Limiter le temps d’écran : quelques stratégies
Contrôler le temps d’écran d’un enfant est difficile. L’interdire devient presque impossible tant ces technologies se sont imposées, même à l’école. Heureusement, il existe différentes manières de permettre aux enfants de profiter des bons côtés des écrans, en limitant ses mauvais aspects.
À partir de 2 ans, certains programmes – notamment avec de la musique, du mouvement, des histoires – peuvent être bénéfiques pour le développement de l’enfant. La qualité des médias auxquels l’enfant est exposé est plus importante que le type d’appareil, de technologie ou le temps passé.
CertiDeal, reconditionneur de téléphones, partage quelques conseils aux parents pour garantir un temps d’écran de qualité :
- Visualisez les programmes avant de les proposer à vos enfants. Ainsi, vous serez capables de déterminer si les vidéos, jeux et applications sont conformes à vos attentes en matière d’éducation et sont appropriés pour leur âge.
- Gardez un œil sur lui. Assurez-vous que votre enfant est à proximité lorsqu’il utilise un écran, afin de pouvoir superviser ses activités. Encore mieux, essayez de jouer ou de l’utiliser avec lui pour engager la conversation sur ce qu’il fait et voit.
- Privilégiez les programmes interactifs. Ils engagent votre enfant dans le contenu plutôt que de les laisser passifs. Attention, l’engagement ne se crée pas par de simples mouvements sur l’écran, il doit inviter à une « réflexion » pour être efficace !
- Évitez les programmes rapides. Les vidéos courtes, les applications avec beaucoup de publicité, les jeux trop rapides ou violents ne permettent pas aux enfants d’avoir une interaction saine avec le produit.
- Utilisez le contrôle parental. Le contrôle parental est présent sur tous les appareils technologiques et permet de bloquer ou filtrer le contenu. En parallèle, n’hésitez pas à demander régulièrement à votre enfant quels réseaux sociaux, programmes, jeux et applications il utilise.
Mais le plus important reste de faire suivre le temps d’écran d’un temps d’échange, afin de discuter de ce que l’enfant a regardé. Les plus jeunes ont des difficultés à distinguer ce qui est réel de ce qui est fictif, ce qui relève d’une information ou d’une publicité. Aidez votre enfant à comprendre que les médias sont créés par des humains avec des points de vue ! L’encourager à réfléchir de manière critique est la meilleure manière de vous assurer que son utilisation des outils actuelle et future lui sera bénéfique.
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