3 questions à… l’ADEME

La série d’articles « 3 questions à… » donne la parole à des chercheurs, scientifiques, organisations qui œuvrent pour la préservation de l’environnement. Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Erwann Fangeat, de l’Agence de la transition écologique.

Erwann Fangeat travaille au sein de la direction circulaire et déchets de l’Agence de la transition écologique (ADEME) et s’occupe de la thématique d’usages et durée de vie de produits. L’Agence de la transition écologique (ADEME) est un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Quel est l’impact environnemental d’un smartphone ? 

On retrouve un impact environnemental pour le smartphone au moment de sa fabrication, de sa distribution, de son usage et de sa fin de vie. 

On sait que la phase de conception du téléphone est responsable à 70 à 80% de ses effets néfastes sur la planète. Il faut extraire une cinquantaine de métaux différents pour que l’appareil prenne vie.  Un smartphone de plus de 5 pouces et demi implique 200 kilos de matières premières. 

Pour ce qui est de la distribution, le transport a une portée écologique en terme de carburant. Mais ce dont on ne se rend pas compte, c’est l’existence d’un effet rebond. Quand vous allez consulter une vidéo sur YouTube, votre clic a une incidence écologique ! Cette vidéo est stockée sur des serveurs. Et pour que la vidéo arrive du serveur jusqu’au smartphone, elle va circuler dans le réseau et les infrastructures WiFi ou 4G. Et derrière, on retrouve les DataCenters. 

Enfin, pour la fin de vie, c’est important de mettre son équipement dans les bonnes filières. de recyclage, quand il n’est plus fonctionnel. Quand c’est dans la filière réglementaire, le téléphone est recyclé à 80%. On recycle 10 métaux (cuivre, or, platine…). Ce sont de vraies mines puisqu’il Il y a 100 fois plus d’or dans une tonne de smartphone, que dans une tonne de minerais d’or !  Ce qui est recyclé, c’est toute la partie verre ou encore toute la partie métal. Ça a un impact positif écologique. Mais le bémol c’est que c’est moins de 10% des téléphones qui sont recyclés. Après, si le téléphone marche encore, la meilleure chose c’est de lui donner une seconde vie.

Les gens ne se rendent pas compte de l’impact environnemental car tout est dématérialisé. Il y a un sac à dos écologique pour lequel les consommateurs ne se rendent pas compte. On ne voit pas bien que la donnée est stockée et se transfert sur un data Center qui est refroidi avec des consommations d’énergie super importantes…

Le marché du reconditionnement est une l’une des alternatives ? 

Évidemment ! Le premier geste écologique serait de garder son téléphone s’il fonctionne. Ne pas le changer, c’est lutter contre l’obsolescence marketing. S’il tombe en panne, plutôt que d’en racheter un, le mieux est de le réparer. Enfin, la dernière solution tient au réemploi et au reconditionnement des produits. Ce peut être le don de son smartphone à des proches ou alors la vente. Pour la vente, on sait qu’il y a deux modèles : le reconditionnement avec une remise à neuf ou alors la revente en l’état. Mais toute l’industrie du reconditionnement elle a tout son intérêt dans le cadre de l’économie circulaire.

La remise à neuf n’est pas néfaste comparée à la production d’un smartphone : le bilan est positif. Il est juste un petit peu moins bon que si vous gardez votre téléphone un peu plus longtemps puisque dans le processus du reconditionnement vous avez la distribution qui joue un rôle, notamment le changement par des pièces neuves, comme les batteries ou écrans. Mais ça sera toujours moins que de fabriquer un iPhone de A à Z. 

L’éco-conception est une alternative également ? 

C’est le base de l’économie circulaire. C’est l’évaluation environnementale qui permet l’écoconception. Une fois que vous connaissez les impacts environnementaux pour chaque étape de vie, vous pouvez mieux éco concevoir vos services numériques.

L’écoconception numérique se décline sous quatres aspects :

  • Les infrastrusctures
  • Les terminaux et les équipements
  • Les logiciels 
  • Les data centers

L’écoconception numérique, ça marche et c’est même rentable. 

Avec l’ADEME, nous avons financé un programme à l’échelle de la région Montpellier qui s’appelle GreenConcept. Dans ce programme, nous avons aidé 70 entreprises pour réaliser une éco conception de leur service numérique. Concrètement, ça allait de la conception du logiciel jusqu’à la fabrication d’équipements. Nous avons remarqué que les gens évaluent leur process et les adaptent finissent par tous gagner de l’argent. 

Économiquement, c’est rentable. D’un point de vue environnemental, c’est rentable. C’est gagnant-gagnant. 

Sur le smartphone qui répond à une éco-conception, il y a Fairphone qui s’inscrit dans cette philosophie. Mais pour le smartphone ça reste compliqué, il y a peu de demande puisque c’est un produit très différent des autres pour le consommateur vis-à-vis. Il y a une vraie attache sentimentale. Nous avions conduit une étude il y a 2 ans qui montrait que 88% des français changent de portable alors qu’il fonctionne encore. Le smartphone c’est leur doudou. Ils le gardent dans leur placard, ils consultent des vieilles photos, des vieux sms. Ils se remémorent des souvenirs. Il faut réussir à changer ces mauvaises habitudes !

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